Voyager est-il utile pour grandir ? Et jusqu’à quel point ?
Après un voyage de deux mois et demi qui m’a amené au Portugal, en Espagne et au Maroc, je souhaite partager ce que je pense sur le voyage, et plus précisément, s’il est utile pour grandir. Bien sûr, il m’est difficile de cracher sur le feu qui m’a forgé, mais je me sens prêt à salir un peu cette idée.
Je souhaite partager ces sentiments qui ont grandis de mon voyage. Tous les lecteurs sont aussi les bienvenus. Je remercie spécialement ceux (sans doute les plus nombreux) à qui j’ai donné ce texte et qui le lisent gentiment…
Partie 1 : L’avant voyage — compréhension
Avant de répondre à la question de savoir si le voyage est utile, je dois clarifier quelque chose ; démêler les différences entre les vacances et le voyage.
La véritable expérience – Voyage VS Vacances
Le voyage, ce n’est pas s’asseoir au soleil, rester à la plage ou visiter des attractions, et ce n’est pas non plus une visite en famille ; car ces choses sont des vacances, pas un voyage. Le vrai voyage n’a rien à voir avec les stéréotypes (dans lesquels tout est beau, paisible et agréable) ; c’est sale, c’est dur, c’est réel. Il force à se confronter à sa solitude, à sa tristesse, à son envie, à sa fierté, à sa mélancolie et à tout un paquet d’autres choses qui secouent. Il bouscule. Au moment qu’une expérience secoue, elle devient un voyage. Le rôle du voyageur est d’adopter une attitude intérieure ouverte face au monde et face au bouleversement causé par le voyage.
Se faire secouer et être ouvert à tout, voilà un voyage.
Je pense du voyage véritable qu’il fait grandir, c’est-à-dire qu’il crée un changement profond chez l’individu, mais qu’il n’est qu’utile à condition d’être entrepris avec des motivations du cœur et d’être approfondi après coup. Pour les vacances, je crois qu’elles ne servent qu’à se reposer et à voir des choses nouvelles, mais « les voir » seulement ne fait pas grandir.
Les motivations – comment grandir ?
À force de contempler une montagne, elle peut paraître belle. Mais de prendre ses cliques et ses claques pour la monter ; voilà ce qui fait grandir… mais disons que ça remet les idées en place.
Certains croient que de partir loin réglera leurs problèmes. Ou encore que ça leur donnera des histoires à raconter, que ça les rendra plus intéressants aux yeux des autres. D’autres l’entreprennent dans une révolte contre les habitudes, pour se prouver et prouver à la vie être indépendants. Sauf qu’à la base de ces raisons se trouve un malentendu à propos de ce qu’est le voyage — ce qui signifie que celui-ci ne produira pas les effets espérés. Il est important de confronter le côté de soi qui veut voyager pour comprendre ses motifs.
Sortir de sa zone de confort tout en choisissant où en sortir ; rester vrai à soi-même. Sur ce chemin se trouvent les grandes personnes.
L’importance du voyage lui-même est minime. Ce qui fait grandir, c’est comment il résonne en nous et ce qu’on peut en retirer. Il appelle certains, alors que d’autres, non. Pour ceux qui se sentent appelés, il sera riche et rempli de difficultés fertiles. Les autres doivent faire attention à ne pas se laisser influencer par les voix convaincantes des voyageurs, et à la place, chercher une poursuite qui les appelle. Plus un choix nous attire, plus il résonnera en profondeur et plus il nous fera grandir. Ainsi, le voyage peut tout changer ou ne rien changer — cela dépend de ce qui nous pousse à le poursuivre.
D’un autre côté, voyager résolut la pire des malédictions ; de rester chez soi sur son téléphone, indifférent à tout. C’est une façon d’éviter ce genre d’existence. Mais un meilleur remède serait de donner une direction à son existence pour que, si un jour le voyage nous appelle, il soit un pas dans la direction que nous avons choisie.
Partie 2 : Guide pour le voyage : le voyage qui prend existence
Avant de prendre une décision, il est bon de débattre sur la qualité de ses motivations. Mais lorsque vous avez déjà choisi de partir, ça ne sert plus à rien ; tout ce qu’il vous reste, c’est de vivre au maximum ce qui viendra du voyage.
Grandir par la souffrance
Grâce à la noirceur, des étoiles apparaissent dans l’esprit ; de la sagesse, de la force, de la résistance, de la confiance et de la conscience.
L’important n’est pas d’apprendre à éviter la souffrance, mais à porter son poids avec dignité. Quelles que soient les difficultés que vous traversez, soyez en paix avec elles. Embrassez la nuit dans laquelle vous vous trouvez au lieu de chercher une lumière au bout du tunnel. Personne ne sait quand la douleur partira. Il faut donc l’accepter sans la juger, sans chercher à la fuir ou à la faire disparaître. Par la suite, voyez si une leçon s’y cache.
Il est aussi important de connaître les activités qui vous permettent de sortir de votre tête et de vous calmer quand vous allez mal. Essayez de les découvrir, prenez note de ce qui fonctionne. Par exemple, essayez d’improviser sur un beat, de crier, d’écouter de la musique dramatique ou d’écrire jusqu’à se vider la tête (bizarrement, c’est en souffrant que mes écrits sont les plus poétiques). Rapidement vous trouverez les outils qui vous aident.
Je vois dans la souffrance un potentiel pour grandir, une des richesses du voyage. Pensez à ce qu’elle est, plus profondément ; regardez, par exemple, la solitude. Elle est un espace en retrait des influences, au ralenti, qui amène à vivre de façon plus honnête. Lorsque vous souffrirez, vous aurez plusieurs pensées sombres, mais ça ne sert à rien de vous apitoyer sur elles. C’est important de faire face à ce que vous vivez, tenter de mieux l’écouter et l’accueillir. Le jour où tout sera terminé, qu’est-ce qui vous aura rendu fier ? qu’est-ce qui vous aura transformé ? Quoiqu’il se passe, restez debout. Gardez la certitude que la fierté d’avoir traversé le feu surpasse les brûlures.[1]
Le temps est transparent – vous créez la couleur
Partir en voyage, c’est chercher sa liberté, voir jusqu’où nous pouvons aller en vivant une vie vécue par nous. Le temps, lui, est neutre, transparent : vous devez l’utiliser de façon honnête et pour ce qui vous plaît vraiment. Si vous voulez vous asseoir dans un bar pour parler avec les locaux, allez-y, et si rester dans un café vous parle, pourquoi ne pas rester tout un après-midi ? Peut-être passerez-vous à côté des soi-disant « essentiels, » mais ce ne sera pas une vraie perte. Votre voyage sera le reflet de votre liberté. Il faut sortir du rôle du touriste pour celui de l’explorateur ; qui sans limites définit la couleur de son temps.
Ne vous attendez pas à toujours être occupés ; parfois vous n’aurez rien à faire. N’essayez pas de faire toutes les activités parce que cela vous met dans un état d’esprit où vous avez l’impression de toujours manquer quelque chose. Mais restez ouverts aux imprévus, aux hasards et à ce qui vous entraine dans des directions nouvelles, car cela créé souvent des belles situations.
Quant à moi, je recommande de marcher souvent, même sans but précis. Des longues promenades, le sentiment d’être légèrement perdu… Ce sont des mini-aventures et elles donnent un goût de liberté. En plus, marcher permet de connaître la ville pour y trouver des endroits où vous vous sentez à l’aise ; des parcs, des magasins, des restaurants... Essayez de revenir aux mêmes endroits plusieurs fois. Ça permet d’avoir une sensation de chez soi et de créer plus facilement des relations avec les clients/employés.
Je crois que c’est important d’avoir des habitudes parce qu’elles donnent la sensation d’avoir un peu de connu dans le pays étranger. Je recommande de choisir des activités simples, passe-partout et que vous faites déjà souvent. Elles servent aussi d’ancrages dans les tempêtes intérieures. Pour moi par exemple, l’écriture m’a aidé à sortir de ma tête, et lire à me calmer. Les habitudes rendent le voyage plus intéressants. Je connais quelqu’un qui aime jouer au basketball dans les parcs des villes où il voyage… C’est une allée dans laquelle si peu de gens vont, pourtant tellement intéressante.
Ma dernière suggestion, c’est de fabriquer vos souvenir. Tout au long du voyage, gardez un journal, écrivez, dessinez, collez-y des feuilles d’arbres, ou amenez un appareil photo (et attention à ne pas le perdre). Créez quelque chose qui vient de vos propres mains. C’est beaucoup mieux qu’une carte postale laide.
Partie 3 : L’après-voyage, grandir et non mourir
Au retour d’un voyage on remarque que s’enfuir c’est facile, c’est vivre qui est difficile… Et qu’on va devoir vivre.
Guide pratique pour le retour — difficultés nouvelles
Le mal-être est un signe que notre quotidien ressemble à un chandail trop petit. Dans ce cas, il nous serre et il faut le changer pour qu’il nous plaise mieux.
Après le voyage, vous vous sentirez triste et désorienté. Bien sûr, il faut s’attendre à ce que le retour à la maison soit difficile par moments. L’épreuve, c’est de retrouver ses repères et de construire une routine avec laquelle vous pouvez être en paix.
À mon retour, mes journées étaient vides. C’est sûr : je n’écrivais presque pas et passais mon temps sur mon téléphone. J’ai subi la tristesse de la pire sorte ; celle de quand on sait ne pas aller dans le bon chemin. En dernier recours, je me suis réfugié dans mon voyage et dans la fierté de ma douleur.
Pour que ça se passe mieux, avant même de revenir, notez ce que vous voudriez faire à votre retour. Inspirez-vous de vos activités préférées en voyage et pensez à comment vous pourriez les garder dans votre vie. Faites-vous une idée du genre de train de vie idéal. Une fois revenu, cherchez ce qui vous convient moins et changez-le. Le vide nous montre que certains éléments de notre quotidien ne conviennent plus. Forcez-vous aussi à sortir ou à faire du sport, à marcher ; c’est encore mieux si vous avez des activités à un horaire précis. Prenez des tâches ; par exemple celles de l’école, du travail ou du bénévolat. Avoir des buts et des projets aide énormément à utiliser son temps. Faites en sorte que votre quotidien vous fasse avancer vers quelque chose d’important pour vous.
Peu importe la façon, prenez chaque jour un peu de temps pour réfléchir à où vous êtes passés. Approfondir cette grande expérience, ça permet un tri du bordel mental qu’il a causé, et surtout, ça aide à donner leurs sens aux difficultés (à celles voyage et du retour). Tentez de faire quelque chose avec cette expérience ; la créativité est un grand outil pour « amener à la vie » les changements intérieurs du voyage.
Continuez à faire face à vos émotions ; au sentiment de vide, d’ennui, d’isolement, d’avoir un quotidien dépourvu de sens... Mal aller et en être conscient est une force, car cela nous pousse à changer notre quotidien. Gardez les mêmes façons qu’en voyage de gérer la souffrance ; ces activités seront la stabilité dont vous aurez besoin.
Le pire qui puisse arriver, c’est de devenir insensible, de ne plus s’intéresser à rien, de s’enfermer, de se laisser pourrir dans la stimulation, et de se numb pour oublier que vous allez mal. Le pire, c’est aussi de s’attacher à la souffrance parce qu’elle tout ce qu’il vous reste. Il faut aimer sa souffrance sans y rattacher son identité.
Le quotidien est la seule réalité qui nous appartient vraiment, alors ça vaut la peine de le rendre meaningful. C’est ce qui diminue le plus le struggle du retour. Bien sûr que c’est difficile, mais c’est la bataille que nous devons mener pour rendre notre quotidien meaningful.
Repartir — la psychologie des voyageurs
J’ai eu l’intuition qu’à force de répéter le voyage, il perdrait son sens et deviendrait une course infinie vers l’inconnu.
En cherchant toujours le prochain, nous ne suivons plus le sentiment qui nous a poussés à partir ; celui-ci était plus profond qu’une simple quête d’expériences ou de stimulation. La vie pousse à découvrir comme à approfondir, et ce serait une erreur de s’en remettre seulement à l’un ou à l’autre.
Se réengager dans un voyage peut aussi être une réaction à ne pas aimer la routine. Les voyages brisent la routine, ils ont quelque chose d’évasif. Mais s’évader ne règle rien. Le voyage lui-même ne règle rien — incluant l’insatisfaction ! Une seule chose nous appartient, c’est notre propre réalité. Ne pas croupir sous son poids, ne pas accepter quelques périodes libératrices pour une vie médiocre – ne pas fuir son quotidien. Il y a un moment où nous devons reconnaître que c’est assez ; que nous sommes satisfaits de ce que nous avons vu, reçu et vécu, et qu’il est temps de passer à autre chose. Le danger de vite repartir en voyage, c’est qu’il devienne la seule activité porteuse de sens.
Il est aussi possible de s’habituer à voyager ; disons de repartir chaque été. L’habitude mécanique n’est pas non plus un bon motif ; le « je devrais » est une prison.
Selon moi, le seul bon voyage à entreprendre est celui qui nous a appelé le premier. Si cet appel ne vient pas souvent, soit. Nous aimons assez notre quotidien pour ne pas avoir besoin de repartir.
Conclusion
Le but de ce texte était de remettre en question la manière dont nous idéalisons le voyage. Maintenant que c’est fait, j’aimerais conclure par ceci : que si le voyager est le chemin que vous vous sentez appelés à suivre et que cet élan est authentique, profond (non pas motivé par le manque ou la gourmandise) alors je n’ai rien à vous conseiller. Finalement, y a-t-il plus de valeur à s’installer quelque part, ou à courir le monde ? J’ai rencontré les deux : des voyageurs, jamais vraiment chez eux, et ceux qui trouvent un sens profond à vivre en un seul lieu. Même après cela, je n’ai pas trouvé de réponse unique ; peut-être que la seule réponse est celle que chacun choisit pour soi-même.
Partie 4 : Mon expérience
Épreuve — retour sur mon voyage
Le voyage est un feu intérieur ; j’y suis entré et j’ai vu des ombres, j’ai eu l’impression de suffoquer. Il ne faut pas m’en blâmer si le feu a brulé ma peau, car il a aussi donné de l’or à mon cœur et des étoiles à mon esprit.
Maintenant que je suis de retour à la maison, je prends des moments pour m’arrêter, réfléchir et revenir sur mon voyage. En quelque sorte, mon retour, c’est ce texte. C’est en l’écrivant que j’amène à la vie ce que j’ai vécu et que je le transforme en quelque chose de plus grand. Je prends du recul, fais le tri, mets des mots sur mes sentiments. Je crois que c’est important que je m’arrête sur cette expérience parce que je voulais avoir quelque chose pour témoigner de mon voyage.
Mon voyage était une sorte de rite de passage. J’ai réalisé que ses difficultés m’ont rendu plus ouvert la vie ; elles m’ont appris à ne pas haïr la souffrance, mais à la porter avec un peu d’amour. J’avoue avoir reçu un coup de chance lorsque, à la librairie Normand Leduc quelques jours avant mon départ, j’ai découvert un livre (Lettres à un jeune poète), qui s’est avéré être le meilleur compagnon durant le voyage, vu qu’il traite justement de la difficulté à communier avec les moments difficiles.
Partir en voyage m’a appris que je peux apprendre une nouvelle langue, y travailler, et y devenir habile, m’installer dans une société différente, m’y adapter et voir qu’il y a des gens bons partout, que je suis capable d’être libre parce que je peux me donner des contraintes. Toute une épreuve ; ce fut similaire à me construire une île au milieu d’un pays inconnu.
Ce fut aussi une occasion pour cultiver l’état d’esprit qui connaît les imprévus, mais qui dit : « je me débrouillerai, peu importe la puanteur dans laquelle je tombe. » Aussi, chose que j’ai tendance à douter, j’ai une preuve que je peux accomplir tout sur quoi je fixe mon esprit (parce qu’en quatre-vingts jours, j’ai pu parler portugais).
La solitude m’a appris que l’écriture est mon traducteur pour la vie, et que vice-versa ; pour ces raisons qu’elle est une des plumes qui me fait voler.
Le voyage m’a permis de revenir avec une sensibilité et un savoir que peu auront — donc elle m’a mis en position de partager ce que j’ai reçu.
Moments marquants
Une communion avec l’inconnu
J’ouvre les yeux.
Les feuilles tombent, la lumière entre les branches.
La vie, elle danse.
Le voyageur la voit danser,
car autour tout lui est inconnu
donc tout devient frappant.
Son vécu ressemble au nôtre,
seulement nous avons l’impression de connaître
notre vécu.
Partout des yeux fermés, mais partout,
plongés dans l’inconnu.
Les cœurs habitués ne voient qu’habitude ;
personne n’est trop malheureux
avec des yeux plongés sur la danse.
Simplement.
J’écoute un podcast. Frédérique Lenoir raconte une discussion philosophique qu’il a organisée avec une école primaire. Qu’est-ce que le bonheur? un garçon prend la parole :
- Le bonheur c’est juste d’être, d’exister au monde…
Moment spécial à Marrakech
En me promenant à Marrakech, je vois un homme en chaise roulante pris au milieu d’un boulevard. Je lui propose de l’aider et il me pointe une direction. Sans plus, j’accepte. J’essaie de l’amener sur le trottoir, mais il met sa main sur le frein : il refuse catégoriquement d’aller sur le trottoir. Alors pendant dix minutes, je le pousse dans la rue à contre sens, face aux voitures et camions qui nous esquivent. Un homme en mobylette me fixe, il fonce presque dans la voiture en avant de lui. D’autres qui rigolent en me voyant sur la route avec un fauteuil roulant. Soudain, l’homme met ses mains et bloque le frein. Je crois l’avoir mal guidé, alors je lui demande : « Où ? » Sur quoi il tend la main, et dit, comme s'il était un robot : « un dirham ». « Non. Où est-ce que tu vas ? » je réponds. « Non ? Alors donnez-moi dix dirhams ! » Il frappe mes mains et les renvoie de son fauteuil. « Non. » Il fait un signe de la main. « OK monsieur, » et il reste là, au milieu du boulevard sans avancer.
La mathématique des regrets
Un jour en parlant à ma mère de mon expérience au Portugal, lui disant qu’elle avait été plus souvent difficile que facile, et elle m’a demandé si, en le sachant, je la referais. Oui… (j’ai répondu sans hésitation) oui parce que les difficultés ne sont pas des moins ( - ) et les moments agréables ne sont pas non plus des plus ( + ). J’ai reçu beaucoup de merde ; je suis content parce que, des fois, j’ai pu la transformer en or. Le feu forge un cœur d’or. La noirceur fait apparaître des étoiles dans l’esprit.
Maudit chanceux
Nous avons de la chance de voyager, de découvrir des villes à des centaines de kilomètres chez soi, avec rien d’autre que soi-même. Ne laisse rien te la faire oublier ; tu as choisi d’être là où tu es... Maudit chanceux.
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